la voix française de Larry Hagman (J.R. dans Dallas)
répond à mes questions (14 janvier 2005)
Un bon souvenir. C'était une époque sympathique car l'équipe s'entendait bien.
Quand le feuilleton est arrivé en France, j'ai été convoqué par la chaine TF1 pour
faire un essai sur Bobby. Ils m'ont finalement rappelé pour faire J.R. Au départ,
J.R. n'était pas personnage principal, c'était Bobby. J.R. a pris de l'importance ensuite
et j'ai finalement réalisé une bonne opération ! Au départ, nous devions doubler douze épisodes. Je
ne croyais pas au succès, mais ensuite, il y a eu le phénomène Dallas !
J'avais déjà fait du doublage, par exemple pour "L'homme qui valait 3 milliards" ou "Les envahisseurs", mais c'est à partir
du succès de Dallas que l'on a commencé à s'interroger sur les voix françaises et à s'intéresser
aux acteurs.
Doubler une saison nous prenait une journée par semaine pendant 3 mois.
La réponse du public est là ! S'il y a succès, c'est qu'il y a forcément une raison. D'autant que cela continue toujours et qu'on le repasse toujours actuellement. Cette histoire de saga familiale fonctionne toujours. C'était très bien joué et ça a été très bien doublé. Les choses de qualité ne périclitent pas.
J'aurais eu un peu peur, car on a du mal à se démarquer de tels rôles et ils finissent par vous
coller à la peau.
J'ai fait "Le Bonheur Conjugal" [Feuilleton TV de 1965 de Jacqueline Audry, avec Jean Desailly, Colette Castel,
Dominique Paturel, Bernard Lavalette, Jean Daurand, Michel Beaune, Marcel Cuvelier,
Francis Blanche, Gisèle Grandpré, Olivier Hussenot, Germaine Ledoyen, Jean-Marie Proslier].
C'est dangereux, ça devient un "couvent", on se retrouve enfermé. Par exemple, si vous
jouez dans "Les Feux de l'Amour", il n'est pas facile d'en sortir pour faire autre chose.
Pensez aux acteurs de séries comme "Le Temps des Copains" [Feuilleton TV de 1961 avec Henri Tissot, Claude
Rollet] ou "Janique Aimée" [Feuilleton TV de 1963 avec Janine Vila dans le rôle titre] : celle-ci, par exemple,
n'a plus rien fait ensuite.
Le problème se pose même pour les personnages que l'on double et l'on m'a parfois refusé des
rôles de doublage, de peur que ma voix soit reconnue. Pourtant, le personnage, ses paroles
et son physique importent plus que la voix. J'ai doublé Jonathan dans "L'amour du risque" où
j'étais un mari aimant et où je disais des paroles agréables à ma petite femme.
Personne ne pensait à J.R. en entendant Jonathan. Les spectateurs n'ont pas forcément l'oreille pour
reconnaître les voix, non plus.
Je tiens à remercier Dominique Paturel de son amabilité et de sa gentillesse.