Petit manuel pour convaincre vos amis de suivre votre série préférée

Bobby et Pam (Patrick Duffy et Victoria Principal)

Michel Robert vous explique en trois leçons comment il a réussit la difficile tâche de convertir ses amis et sa famille à Dallas. Et vous ? Comment faites-vous ? Faites-nous part de votre expérience vous aussi :-)

Qu'il est dur d'avoir une passion qu'on ne peut partager avec aucun de ses amis. Il serait dommage de ne pas essayer de les y intéresser. Mais parfois, comme c'est le cas pour tous les fans de séries, le risque est grand de se faire rabrouer : "Les feuilletons américains, c'est toujours pareil. Quand on en a vu un, on les a tous vus!"
Voici donc quelques idées, tirées de ma propre expérience, pour vous permettre de rendre accroc votre compagne ou votre meilleur copain.
Lorsque, il y a quelques années, je me suis intéressé aux feuilletons américains comme Dallas ou Côte Ouest, j'avais vraiment le sentiment d'être seul. L'Internet n'existait pas en France, les fans-clubs restaient confidentiels et aucun magazine sérieux ne s'intéressait à ma passion naissante. Mais, tel Ray Krebbs, en prenant le taureau par les cornes, j'ai décidé d'intéresser mes proches à ma passion.
Il est toujours difficile dans ces cas-là de ne pas tomber dans le prosélytisme. Mais à force d'arguments, j'ai réussi à convaincre ma mère, mon meilleur ami et plus tard ma compagne. D'autres tentatives ont échouées, certes, mais ces trois là sont, je crois, de bons exemples de personnes "converties".

Une mère à convaincre

Ma mère est institutrice. Au début des années 80, elle était une fidèle lectrice de Télérama, ce qui, à l'époque, voulait dire bien des choses. Grâce à ma persévérance, elle s'est mise à regarder Dallas, puis Côte Ouest, forte d'un regard neuf sur ces séries.

Dans un cas comme celui-ci, le plus dur est de faire comprendre aux incrédules qu'un feuilleton américain ce n'est pas seulement des intrigues à rallonge, de la violence et des personnages caricaturaux. Dans un premier temps, à vous de cerner la personnalité de l'individu à convaincre, à vous de trouver ce qu'il pourra retirer de la vision d'un série. Pour ma mère, comme pour moi, le plaisir se trouvait tout autant dans la lecture second degré de l'histoire que dans la méchanceté d'un J.R. ou la fragilité d'un Gary. Passionnée de littérature, elle m'a aussi renvoyé l'ascenseur en me démontrant que la plupart de ficelles scénaristiques utilisées par les créateurs de tels séries provenaient en droite ligne des feuilletonnistes français du 19ème siècle. C'est ainsi, lorsque la personne se met elle-même à trouver des centre d'intérêt dans votre passion, celle-ci est en train de devenir la sienne. Dans ce cas-là, le tour est joué!

Lucy et Eddie

Un ami à convaincre

Autre cas d'espèce, celui du copain à qui l'on n'osera jamais avouer qu'on regarde Dallas. Un jour, vous êtes en panne de magnétoscope et vous devez bien vous retourner vers lui pour enregistrer cet épisode du jour qui fera, sinon, défaut à votre collection ! A partir de là, passés les premiers sourires en coin, il se peut qu'il refuse. Mais, si c'est un bon et véritable ami, il se fera un devoir de voler à votre secours. Lorsque vous récupérez la cassette, profitez en pour le mettre dans la confidence des derniers ragots sur votre feuilleton favori. Si c'est un homme, parlez-lui des aventures et autres frasques extras-conjugales des belles plantes de la série. Si c'est une femme, faîtes pareil ! Peu à peu, son intérêt va aller grandissant. Une fois ce premier stade de la "honte" passée, tentez votre chance : invitez votre ami chez vous à boire un café pendant que vous regarder un épisode. Scotchés devant l'écran et les petits gâteaux, il se pourrait bien que la sauce prenne. Pour le convaincre, tentez de retrouver un personnage ou une situation qui peut vous être commune avec la série. Dans le cas précis, moi, j'ai tenté le coup en comparant J.R. à un "camarade de classe" que ni moi, ni mon copain ne pouvions souffrir... Et de partir dans un délire sur les plans les plus fous pour lui faire des crasses "à la J.R." ! Et si jamais cette occupation ne devient pas une vraie passion pour votre ami, ce ne sera plus, en tout cas, un sujet tabou entre vous.

Une compagne à convaincre

Dernier cas d'école, et c'est une fois de plus du vécu, celui de ma compagne. Un peu plus âgée que moi, elle a eu la chance de suivre la toute première diffusion de Dallas en France. A l'époque, il était de bon ton de regarder J.R. et Bobby tous les samedis soirs. Du moins dans les milieux populaires. Près de quinze ans plus tard, elle s'est remise devant le poste pour suivre au jour le jour les rediffusions avec moi. Là le travail de conviction n'as pas été très difficile. Il est toujours plus agréable pour un couple de faire des choses communes et la nostalgie aidant, elle a retrouvé les Ewing avec un plaisir non feint. Mon rôle, dans ce cas-là, a plutôt été d'entretenir la flamme. Passé la nostalgie, elle aurait pu ensuite se désintéresser de la série, la jugeant trop vieille. Pourtant désormais, nous regardons Dallas chaque soir, vers 20 heures, en lieu et place du journal, avant le film ou le match du soir !

Mais cette nouvelle habitude a aussi créé de nouvelles coutumes. Sachant que j'ai vu l'intégralité de la série à au moins deux reprises, et que parfois je regarde les épisodes plusieurs fois dans la journée, il n'est pas un soir où ma compagne ne me demande : "Mais alors, là, Cliff, il va mourir" ? ou "Toi, tu l'as déjà vu, Qu'est-ce qu'elle va faire Sue Ellen ? Elle ne va tout de même pas se remarier avec lui ? ". Ce petit jeu prouve que ce n'est pas seulement l'amour qui lui fait suivre, à mes côtés, la série. Prise par les intrigues et par les indications que je lui donne aux fur et à mesure sur la série, les acteurs, les décors, elle a désormais pris goût à notre rendez-vous quasi quotidien avec Dallas. Encore une téléspectatrice fidélisée par Dallas... et par moi.

En conclusion, je dirai que tout le monde est susceptible de regarder Dallas ou Côte Ouest. La condition sine qua non étant de venir y chercher ce qu'on a envie d'y trouver et non d'y prendre ce qu'un autre vous a imposé. Autrement dit, faites-le par plaisir et non parce que c'est la mode, ou pour toute autre fausse raison. Faites-le par plaisir, quel qu'il soit : qu'il s'agisse de décortiquer le jeu et les intrigues, les moeurs et les dialogues ou encore de vous délecter des tenues des actrices. Peu importe, le principal étant qu'à la fin, vous puissiez, comme moi partager votre passion avec vos proches, sans honte et sans remords !

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